La transformation du karité : Semer les graines de la durabilité dans le Sahel
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5 avril 2024
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Story
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Gender
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Peace & security
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Dans la province de Houet, au centre du Burkina Faso, Sanou Fatimata, 43 ans, est une figure clé de l'Association Song Taab Yalgre, une coopérative de karité rassemblant quelque 500 femmes.
Avec plus de trois décennies d'expérience dans l'industrie du karité, Fatimata associe parfaitement les méthodes traditionnelles à des pratiques modernes et respectueuses de l'environnement, améliorant ainsi le patrimoine culturel de sa communauté et sa durabilité future.
Le groupe de Fatimata est membre de la Global Shea Alliance (GSA), une association industrielle fondée en 2011. Dans le cadre de ses actions en faveur de la durabilité, le GSA apporte son soutien aux coopératives féminines afin de renforcer leur capacité à générer des revenus et, plus important encore, leur résilience. Pour les coopératives de femmes comme Song Taab Yalgre, le karité, connu sous le nom de ‘shi bha’ qui signifie ‘vie’ dans la langue Dioula, joue un rôle essentiel dans l’amélioration des moyens de subsistance.
Des membres de la coopérative collectent les fruits du karité
Ces noix, qui sont transformées en beurre de karité utilisé dans la cuisine, la médecine et les cosmétiques, représentent une importante source de revenus dans la région du Sahel. Traditionnellement, les femmes comme Fatimata transforment les noix de karité manuellement. Cela implique de recueillir d’abord les noix, de les transporter chez soi pour les faire bouillir et les sécher, puis de les écraser et de les mouler manuellement. Les noix sont ensuite broyées pour extraire l'huile, qui à son tour est chauffée et bouillie afin d’obtenir le produit final, le beurre de karité.
Le beurre de karité est principalement consommé à la maison, mais il est également commercialisé localement ou à l'international, ce qui génère des revenus pour le foyer. De nombreuses femmes choisissent également de vendre les noix bouillies et séchées directement aux acheteurs, qui se retrouvent ensuite en majorité dans des produits alimentaires ou cosmétiques à travers le monde. Il s’agit aussi d’une autre activité importante permettant de générer des revenus, surtout si les femmes collaborent dans une coopérative, où elles ont la possibilité de vendre des quantités importantes à un prix négocié.
Les méthodes traditionnelles se mêlent à des pratiques respectueuses de l'environnement pour une production durable
Ces dernières années, le nombre de karités a considérablement diminué, avec environ 8 millions de pertes chaque année. Différents éléments expliquent ce déclin, tels que la coupe d'arbres pour le bois de chauffe et l'agriculture mécanisée, ainsi que la baisse de la replantation en raison de facteurs culturels et de la longue période de croissance du karité.
Cette diminution du nombre de karités a des conséquences sur le développement économique rural et l'autonomisation des femmes. La disponibilité du karité est menacée pour répondre à une demande croissante. Par ailleurs, le changement climatique affecte de manière disproportionnée les communautés vivant du karité, avec des températures extrêmes et des événements climatiques qui altèrent le paysage et impactent les rendements agricoles. En offrant une formation exhaustive sur la gestion durable du karité, en mettant l'accent sur la conservation, il est possible de garantir la disponibilité à long terme les ressources en karité, permettant de bénéficier non seulement aux récoltants actuels, mais également aux générations futures.
Le groupe de Fatimata est membre de la Global Shea Alliance
Début 2024, le GSA a lancé le projet « Inverser la dégradation des terres dans les communautés du karité » au Mali et au Burkina Faso, financé par la Coopération autrichienne pour le développement par l'intermédiaire de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD). Le projet met l'accent sur la restauration des terres et l'amélioration des moyens de subsistance grâce à l'agroforesterie régénérative du karité pour accroître les revenus liés au karité. Le projet a pour objectif d'améliorer le revenu et la nutrition de 2 500 femmes récoltantes et de restaurer 150 hectares de terres agricoles et communautaires grâce à des pratiques agroforestières et à la plantation d'arbres à karité. Les femmes prévoient également de diversifier leurs activités au-delà de la production du beurre de karité pour inclure des cultures telles que le moringa, le baobab et le fonio. Pour aider à ces activités, le projet permettra l'accès à l'eau par le biais de l'installation de forages, et des tricycles seront fournis pour une plus grande efficacité.
« Les activités du projet auront un grand impact sur la communauté. Ces forages profiteront à la fois à la coopérative et à la communauté et nous permettront de cultiver en dehors de la saison. Les légumes et le fonio récoltés seront en partie destinés à la consommation et en partie au marché local, ce qui augmentera nos revenus financiers. Nous pourrons aussi vendre les fruits du baobab et le moringa quand ils seront mûrs. J'attends avec impatience la mise en œuvre des activités et je suis déterminée à la réussite du projet", a déclaré Somda Leocadie, membre d'une des coopératives féminines du Burkina Faso.
Malgré des défis tels que les conditions météorologiques de plus en plus difficiles et les fluctuations du marché, les coopératives, y compris l'association de Fatimata, montrent une résilience remarquable, renforcée par la formation continue en agriculture durable et en gestion financière. Ensemble, elles envisagent faire de leurs communautés des modèles de croissance durable et un avenir meilleur pour le Sahel.
Fotos: ULPKS – YIRIWASSO Cooperative.
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